Aujourd’hui, beaucoup de petites entreprises en France fonctionnent encore avec une gestion « à l’ancienne ». C’est-à-dire : des décisions au feeling, des papiers volants, des tableurs Excel jamais à jour, une organisation dans la tête du patron… Et ça marche ! Enfin, jusqu’à un certain point.
C’est quoi une gestion artisanale ?
Une gestion artisanale, ce n’est pas une insulte. C’est souvent le reflet d’un savoir-faire, d’une polyvalence, d’une agilité. Mais dans la pratique, ça se traduit souvent par :
- Aucun process clair ou documenté : chaque tâche dépend de l’humeur du jour ou de la mémoire du patron.
- Peu de délégation possible : car personne d’autre ne sait comment faire.
- Des infos dispersées : sur des post-its, dans des mails, dans le téléphone, ou juste… dans la tête.
- Une vision à court terme : on court après les urgences, on gère le quotidien, mais on ne planifie pas.
- Un mélange des rôles : Personne ne sait exactement qui fait quoi ni comment ça fonctionne au quotidien..
Et pourtant, dans les premières années, ça passe. Mais au fil du temps, cette approche montre ses limites.
Pourquoi cette approche bloque la croissance
1. Le dirigeant devient le goulot d’étranglement
Quand tout dépend de lui, impossible de déléguer. Résultat : il est débordé, les décisions traînent, et l’équipe perd en efficacité.
2. Aucune visibilité sur les chiffres
Sans outils de pilotage simples (tableau de bord, budget, plan de trésorerie…), difficile d’anticiper. On subit les fins de mois. On ne sait pas ce qui est rentable ou pas.
3. Pas de standardisation = pas de qualité constante
Quand chaque prestation ou service dépend de l’improvisation, la qualité varie. Le client le sent. L’équipe est perdue. Et impossible de former un nouveau salarié facilement.
4. Difficile de recruter ou de transmettre
Comment embaucher si on ne sait pas décrire un poste ou expliquer les méthodes ? Comment vendre ou transmettre l’entreprise sans documentation, ni process ?
5. Le stress permanent
Quand tout repose sur une seule personne, c’est l’épuisement assuré. Et ça freine toutes les envies de développement.
Comment passer d’une gestion artisanale à une gestion structurée – sans se perdre
Il existe des solutions simples, humaines et adaptées à la réalité des petites structures. Voici quelques pistes concrètes.
1. Écrire noir sur blanc les tâches clés
Commencez par lister les tâches que vous faites régulièrement : comment vous répondez à un devis, comment vous gérez une commande, comment vous faites un planning… Pas besoin de gros manuels. Une simple fiche A4, ou un document partagé suffit.
2. Mettre en place un tableau de bord minimaliste
Même avec juste trois chiffres suivis chaque mois (ex : CA, marge, trésorerie), vous pouvez prendre de meilleures décisions. L’important, c’est de suivre toujours les mêmes.
3. Organiser des routines hebdos
Se bloquer 1h par semaine pour faire le point (chiffres, priorités, imprévus). C’est simple, mais ça change tout. Et si possible, en impliquant votre équipe, même si elle est petite.
4. Clarifier les rôles (même dans une équipe de 2 ou 3)
Qui fait quoi ? Qui est responsable de quoi ? Ca permet d’éviter les oublis, les doublons, les frustrations.
5. Prendre du recul au moins une fois par trimestre
Réservez-vous une demi-journée pour sortir la tête du guidon. Analysez ce qui a bien fonctionné, ce qui peut être amélioré, et définissez 1 ou 2 objectifs simples pour le trimestre à venir.
Conclusion : mieux gérer, c’est mieux vivre
La gestion artisanale a du bon : elle vient du cœur, de l’expérience. Mais si vous voulez faire durer votre activité, embaucher, vous libérer du temps ou simplement travailler avec plus de plaisir… il faut la faire évoluer.
Pas besoin de devenir une usine à gaz. Juste poser les bases d’une gestion claire, simple et efficace. Un peu comme dans votre métier : un bon outil bien utilisé vaut mieux qu’un atelier plein de machines inutiles.
Et si vous vous demandez par où commencer, gardez ça en tête : une petite amélioration, répétée chaque semaine, peut transformer votre entreprise en moins d’un an.



